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Opus II: La Chasse et le Jeu de Rôles
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Chronique #2, Discours sur une Idée Forte
ou
Prémisses du champ d'activité
ou
Analogies entre la Chasse et le Jeu de rôle
Quoi de plus naturel après l'introduction au discours sur une idée forte que de
parler de l'idée forte?
L'introduction n'était pas terminée mais il nous faut avancer un minimum, donc
allons-y de ce pas. Cette chronique parle de pataphysique et de jeux de Rôles.
Alors, me direz-vous, quelle est l'idée forte?
Et bien l'idée forte, l'idée au coeur de cette chronique, au coeur de ce discours,
c'est justement de rapprocher la pataphysique et les Jeux de Rôles. Et cette
deuxième partie de la chronique, qui fait suite à l'introduction, va justement
s'attacher à mettre à jour l'immense intérêt de cette idée forte. Car enfin, me
direz-vous, quel est bien l'intérêt de ce rapprochement, en quoi est-ce une idée
forte? Et justement comme je viens de dire c'est ce de quoi dont auquel je vais
parler. Et ce qui tombe bien c'est que la pataphysique c'est amusant.
Nous entamerons donc un débat d'importance.
Il est temps en effet de pénétrer dans les entrailles de la pataphysique. Et
que trouvons-nous dans ces entrailles? Des réflexions de fond, traitées
sérieusement. Je voudrais pour ma part contribuer à agrandir le spectre de
la pataphysique. Spectre qui couvre déjà tout ce qui peut être dit à partir du
moment où il est dit. Il nous faut donc poser sur la table des réflexions
nouvelles. Et comme cette chronique s'attache à faire rentrer le Jeu de
Rôles dans l'étendue de la pataphysique nous parlerons de Jeux de Rôles.
Pour créér un nouveau paradigme, une nouvelle section de recherche
pataphysique appliquée au Jeu de Rôle il nous faut dans un premier temps
définir le cadre du Jeu de Rôle. Et c'est une vaste tâche. Pour commencer
petitement nous allons tenter de pénétrer cet univers par les analogies.
Car l'analogie mes amis est la base de la réflexion humaine. Ainsi mon poids
et ma taille sont compté par rapport à des poids et des tailles de références,
comme le mètre, la livre, les grammes, les moles. L'analogie est aussi présente
dans toutes les pérégrinations inconscientes de mon "ça", celui qui me dit
de tomber malade parce que j'ai vu un cheval qui est grand et que ce qui est
grand est dangereux, comme la grande cuillère que je me suis enfoncée dans la
gorge à l'âge de cinq ans.
Voila, vous comprenez, l'analogie est la base de la réflexion humaine,
réflexion scientifique ou artistique, car la terre est bleue comme une
orange, c'est bien connu.
Alors faisons une analogie avec le Jeu de Rôle.
La première qui me vient à l'esprit, vous vous en doutez si vous avez lu
le titre, ce dont je ne doute pas, la première donc, est l'analogie avec la
Chasse.
Comment dites-vous, comment donc est-ce possible, il n'y a rien de commun
entre cette activité pratiquée par les alcooliques de nos campagnes et le
noble art du jeu de Rôle! Et bien détrompez-vous, et taisez-vous, c'est moi
qui pense en ce moment, si vous avez quelque chose à apporter au débat
écrivez-moi plûtot (ou Mickey -- je n'ai pas résisté).
Etudions donc d'abord les points communs.
- Le chasseur comme le rôliste (c'est le nom que nous donnerons par la suite à
l'amateur de jeu de Rôles) pratique courament la tuerie collective. C'est
une pratique non obligatoire de la Chasse que de tirer sur ses collègues ou
sur leurs enfants, mais pourtant c'est une pratique courante, appartenant au
folklore de la chasse et que nos amis aiment à se remémorer (nous y
reviendrons d'ailleurs). En Jeu de Rôles il est courant aussi, et pourtant
non obligatoire, de tuer ses collègues lors d'une partie, il ne s'agit pas
d'une vraie tuerie puisque nous somme dans un monde imaginaire, vous pensez
bien que j'avais bien vu la distinction, mais le but de cette chronique est
de faire une analogie, pas de dire qu'il s'agit de la même activité, suivez
un peu!
- Les Chasseurs comme les rôlistes aiment à se retrouver périodiquement
pour comémmorer ensemble leurs souvenirs, leurs faits d'armes, les
anectodes croustillantes et les passages angoissants.
- Les chasseurs et les rôlistes sont des exclus sociopathes, la société ne
comprend pas leurs loisirs et craint leurs habitudes et leurs protocoles.
Pourtant dans ces deux catégories nul effort n'est fait pour essayer de
sortir du cercle vicieux de l'enfermement autiste en cercle fermé. J'en veux
pour preuve la dernière convention de jeu de rôle à laquelle j'ai assisté ou
une trentaine de rôliste s'entassaient dans 20 mètres carrés pour jouer des
parties autour de tables minuscules dans une pièce isolée, alors qu'autour tous les autres exposants
disposaient d'espaces ouverts et immenses. Vous me direz, c'est qu'on les y
a mis, d'accord, mais ils étaient sans doute d'accord, il y a toujours moyen
de s'arranger autrement. De même lors d'une rencontre des associations du
vignoble vous ne verrez pas un stand ouvert et pédagogique sur la chasse,
non, les chasseurs sont présents mais ils squattent le bar et chantent des
chansons paillardes jusqu'à deux heures du matin en parlant du temps ou ils
étaient aux évènements d'Algérie. Comportements sociopathes des deux côtés.
- Le chasseur, pris dans son activité favorite et son milieu naturel, aime à
se déguiser en militaire et s'imagine courrant la campagne à la poursuite
d'ennemis redoutables (sacré renard, rusé et chafouin, ca vous bouffe une
poule plus vite et plus proprement qu'un chien de chasseur cette bestiole).
Le rôliste, lui, aime à s'imaginer héros à la poursuite d'ennemis
redoutables
(sacrés gobelins, vous en tuez un pour rigoler et les voilà tous en train de
brûler les villages!).
- Ils visent quelque chose de mieux.Le chasseur s'entraine pour la chasse ultime, la battue au sanglier ou la
guerre d'Algérie, lorsque la chasse prend sa vraie envergure, lorsque le
sang bat et que les tripes sont secouées. Le rôliste finit toujours un jour
déguisé en chevalier, laché dans la nature avec une épée en plastique, la
peur au ventre quand la nuit vient et qu'il est perdu dans les bois avec une
bande d'elfes noirs qui font la tounga à tous ceux qu'il attrapent (et leur
chef est un vieux rôliste avec une épée en latex, un intouchable qui peut se
permettre de briser des poignets en tapant comme un malade, saleté de vieux
parisiens). Vous sentez l'analogie? Je note au passage la haine du parisien
que l'on retrouve beaucoup en province et qui se manifeste aussi bien sur
les chasseurs que sur les rôlistes et dont les causes sont multiples, mais
c'est là un autre paradigme de la pataphysique que je laisse à un de mes
lecteurs qui se prendrait d'envie de faire progresser la science, ne suis-je
pas royal?
- Le gros bill, une analogie à lui tout seul, car d'ou vient ce personnage
avide de points d'expériences, de massacres, jaloux et envieux, radin,
insupportable, toujours armés des meilleurs armes?
- La télé. Le chasseur passe mal à la télé, comme le rôliste, quand on parle
d'eux c'est toujours quand Robert à tiré sur son fils alors qu'il pensait
tirer sur Henri. Le rôliste passe à la télé quand il se suicide, perdu dans
son complexe du homard, adolescence difficile passé à redouter la lumière du
jour qui tue les vampires. Notons cependant un effort de TF1 pour replacer
le chasseur à sa juste valeur dans la société, espérons que c'est une lueur
d'espoir pour le rôliste.
Voila, que d'analogies. Et je vous invite à me communiquer les analogies
avec la chasse que vous pourrez trouver, ensemble nous ferons progresser la
science.
Mais attention, l'analogie n'est pas l'équivalence, il nous faut absolument
diférencier ces deux activités.
La chasse est un sport meurtrier qui se joue grandeur nature et ou les victimes
sont des animaux vivants (dont l'homme peut faire partie). Le jeu de rôle
est purement imaginaire, et quand il est en grandeur nature nul être vivant
n'est menacé.
De même l'analogie entre la pêche et le jeu de Rôle est à exclure de notre
champ de recherche, en effet le pêcheur s'imagine rarement à la tête d'une
section de deux cents hommes courants autour du lac pour essayer de résister
à une division de panzers cachée sous l'eau. Ce serait ridicule.
Au final nous noterons un premier point dans notre définition scientifique
et pataphysique (ou pataphysique donc scientifique) du Jeu de Rôle.
- "Le jeu de rôle est au Rôliste ce que la chasse est au Chasseur."
Mais déjà je sens que notre analogie est trop large. Si nous la
mathématisons nous obtenons:
A->B <==> D->E (je fais abstraction du point final)
avec B=utilisateur(A)
et E=utilisateur(D)
Ce qui pourrait donner:
- "Le Jeu de Rôle est au roliste ce que la cuisine est au cuisinier."
Qui est effectivement dans notre champ de recherche.
Mais aussi:
-"La danse est au danseur ce que l'informatique est à l'informaticien."
Et là nous ne sommes plus dans notre champ de recherche puisque il n'est
plus fait mention du Jeu de Rôle.
Tout d'abord nous pouvons penser qu'en imposant B="Jeu de rôle" nous avons
résolu le problème. Mais en fait utilisateur(B) ne devient pas forcément "Rôliste",
puisqu'un plombier peut très bien être un utilisateur de Jeu de Rôles et
refuser obstinément qu'on l'appelle par le sobriquet "rôliste", en effet les
plombiers peuvent être très tatillons. J'irai même plus loin, nous pouvons
imaginer que le rôliste est un rôliste qui s'ignore, tel le chasseur qui
joue à se faire peur avec des lapins.
Et nous obtenons alors:
B->D <==> C->D avec B="jeu de rôles"
Et là dire "le Jeu de rôles est au cuisinier ce que la cuisine est au
cuisinier" devient un peu tiré par les cheveux (je l'avoue) et pas
forcément toujours exact, ce qui pose problème.
Il nous faut donc travailler et restreindre notre équation et notre analogie.
Chose à laquelle je vais m'atteller dès à présent.
Il me faut aussi trouver un nom à notre champ de recherche, quelque chose de
plus simple que "Etude pataphysique du jeu de rôle", car la physique ne
s'appelle pas "Etude rationnelle et expérimentale du monde perceptible".
Donc j'ai du boulot et c'est sur cette dernière phrase, celle que vous lisez
en ce moment, que je vous laisse, mais vous vous en doutiez puisque vous
apercevez surement la fin du texte.
Roger Seily
[copywrong]
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